Mardi 24 mai 2016, nous avons organisé une conférence sur l’Éducation Thérapeutique pour les personnes bipolaires.
Elle était menée par le docteur Bertrand Ducrocq, psychiatre, et Madame Valérie Lefevre, infirmière.

Pour les personnes qui n’ont pas pu être présentes, voici un résumé des informations qui ont été abordées par les conférencier·e·s et les différentes questions qui ont été posées par le public :

 

Compte-rendu de la conférence du 24 mai 2016

L’éducation thérapeutique

Interventions du Dr Ducrocq, psychiatre

et de Mme Lefèvre, infirmière

 

Présentation du Dr Ducrocq

L’éducation thérapeutique a émergé dans le cadre de la prise en charge de maladies chroniques telles que le diabète ou l’asthme : les personnes qui en souffrent ont besoin de nombreuses connaissances afin de faire face à la maladie et d’en éviter les séquelles. L’objectif est que les patient·e·s acquièrent des compétences leur permettant une plus grande autonomie dans la gestion de leur maladie.

Concept très récent, l’éducation thérapeutique a été reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé Europe (OMS) en 1998. En France, un décret sur l’éducation thérapeutique a été pris en août 2010, avec un cahier des charges encadrant précisément la mise en place et le déroulement des programmes.

Quelques éléments importants de l’éducation thérapeutique :

  • Le diagnostic éducatif : il s’agit à travers un entretien ouvert de mieux connaître le ou la patient·e. L’entretien permet d’aborder la maladie elle-même et la façon dont la personne l’appréhende, mais aussi les aspects généraux de sa vie, tel que sa profession, ses loisirs, son entourage ou encore ses projets.
  • Des séances collectives : le fait d’organiser des séances en groupe est un élément important de l’éducation thérapeutique car il permet notamment aux patient·e·s de rompre leur isolement, de partager leurs expériences, et de stimuler leurs apprentissages en partant des connaissances et représentations de chacun.
  • La pluridisciplinarité : le programme d’éducation thérapeutique doit permettre de prendre en compte différents aspects de la vie du malade, ce qui suppose l’implication de divers professionnel·le·s en fonction des besoins : médecins et infirmier·e·s, mais aussi pharmacien·ne·s, pour les questions relatives aux médicaments, diététicien·ne·s, en cas de prise de poids due au traitement, assistant·e social·e pour les questions d’emploi ou de protection des biens, etc.
  • L’évaluation : après un programme d’éducation thérapeutique, une évaluation doit permettre d’apprécier les éventuels changements intervenus dans la vie du patient notamment sur ses croyances liées à la maladie, l’estime de soi, l’auto-efficacité (capacité à reconnaître les signes de la maladie, les signes précurseurs de crises), la qualité de vie.

Education thérapeutique et troubles bipolaires

On estime aujourd’hui qu’1% de la population française souffre de troubles bipolaires. Bien que très fréquents, les troubles bipolaires ne sont diagnostiqués en moyenne que 8 ans après l’apparition des premiers troubles. Ils sont chroniques et ont des répercussions importantes au niveau personnel, familial et social. En complément des traitements, l’éducation thérapeutique peut améliorer la qualité de vie des patients : en améliorant les connaissances et l’acceptation de la maladie, l’observance thérapeutique, le repérage des facteurs déclenchants et la gestion des situations à risque.

 

Présentation par Mme Lefèvre des ateliers d’éducation thérapeutique qu’elle mène :

Six ateliers différents sont menés. Il s’agit à chaque fois de séances collectives abordant un thème particulier :

  1. Vos représentations des troubles bipolaires
  2. La dépression dans la maladie bipolaire
  3. L’accès maniaque, l’hypomanie
  4. Savoir gérer une rechute dépressive ou manique, repérer les facteurs déclenchants d’une rechute, améliorer le quotidien.
  5. Les traitements des troubles bipolaires
  6. Séance avec les proches

Chaque séance comporte des temps d’échanges et des temps d’information, et des supports variés (films, photos, questionnaires, etc) sont utilisés. L’aspect le plus important des ateliers est l’échange entre les participant·e·s. Les ateliers évoluent en fonction des résultats des évaluations.

 

A la suite des présentations de Mme Lefèvre et du Dr Ducrocq, de nombreuses questions ont été posées, dont celles-ci :

– Les médicaments créent-ils une dépendance ?
R. : Les thymorégulateurs (lithium) ne créent pas de dépendance, contrairement à d’autres médicaments (somnifères par exemple).

– Qu’est-ce que la mélancolie ?
R. : il s’agit de la forme la plus sévère de la dépression.

– Les saisons sont-elles des facteurs déclenchants ?
R. : les changements de saison peuvent être des facteurs déclenchants, surtout le printemps et l’automne.

– La psychothérapie est-elle efficace ?
R. : oui, elle est aussi importante que les médicaments.

– Est-ce qu’il s’agit d’une maladie génétique ?
R. : aucun gène en cause n’a été trouvé, mais il y aurait un terrain prédisposant.

– Quels types de thérapies complémentaires existe-t-il ?
R. : il existe de nombreuses thérapies complémentaires, adaptées aux différentes situations : thérapies familiales, comportementales, EMDR, etc.

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